Alors que l’inflation en Israël commence à refluer après un pic inattendu, la Banque Centrale d’Israël choisit de temporiser, refusant pour l’instant toute baisse de son taux directeur. Dans un climat d’incertitude géopolitique et de signaux économiques ambigus, le pays évolue avec prudence, entre résilience monétaire et attentes prudentes des marchés.Alors que l’inflation en Israël montre des signes d’essoufflement après un pic inattendu, la Banque Centrale d’Israël temporise, refusant pour l’heure d’abaisser ses taux.
Entre tensions géopolitiques persistantes et indicateurs économiques contradictoires, le pays avance prudemment vers une potentielle détente monétaire.
Une inflation qui amorce sa décrue
L’économie israélienne traverse une phase à la fois fragile et complexe. Après une remontée inattendue de l’inflation à 3,6 % en avril 2025, les données publiées pour le mois de mai révèlent une modération bienvenue, ramenant l’indice des prix à 3,1 %.
Cette évolution, bien qu’encourageante, ne suffit toutefois pas à apaiser les craintes : le niveau d’inflation reste supérieur à la fourchette cible fixée par la Banque Centrale d’Israël, comprise entre 1 et 3 %.
Le sursaut d’avril a pris de court une majorité d’analystes. Il s’explique principalement par des perturbations d’approvisionnement, engendrées par le climat géopolitique instable — en particulier la guerre dans la bande de Gaza et la recrudescence des tensions avec l’Iran.
Ces événements ont eu un impact direct sur plusieurs secteurs, notamment le transport, le logement et certains services, accentuant une pression inflationniste déjà sensible depuis plusieurs mois.
En mai, certains de ces effets se sont quelque peu atténués. Les prix dans certains segments — tels que les télécommunications, les transports publics ou les produits frais — ont enregistré des baisses, contribuant à une modération temporaire du coût de la vie.
Néanmoins, cette décrue demeure fragile et sujette à retournement en cas d’aggravation du contexte régional.
Une Banque Centrale dans l’attentisme
Face à cette situation, la Banque Centrale d’Israël adopte une posture résolument prudente. Elle a choisi de maintenir son taux directeur à 4,5 %, niveau en vigueur depuis janvier 2024. Ce statu quo monétaire traduit une volonté de stabilité et de rigueur dans la gestion des attentes, tant du côté des marchés financiers que de celui des ménages.
Le gouverneur Amir Yaron a d’ailleurs souligné que toute baisse de taux sera conditionnée à une confirmation durable du recul de l’inflation, c’est-à-dire un retour en-deçà des 3 %, assorti de signaux de stabilisation à moyen terme. Il défend une approche “fondée sur les données”, privilégiant les faits chiffrés aux pressions conjoncturelles.
Cette stratégie s’inscrit dans une logique de crédibilité : une politique monétaire trop souple, engagée trop tôt, risquerait de compromettre les efforts entrepris depuis 2022 pour endiguer l’inflation, au prix d’un durcissement des conditions de crédit.
Entre projections mesurées et incertitudes persistantes
Les projections économiques pour la seconde moitié de l’année 2025 restent marquées par une forme d’optimisme prudent. Si les tensions dans la région venaient à s’apaiser — notamment sur les fronts syro-libanais ou gazaoui —, les chaînes d’approvisionnement pourraient retrouver une certaine fluidité. Cela créerait les conditions nécessaires à une baisse plus nette des prix à la consommation.
Mais les risques restent nombreux. En plus des incertitudes géopolitiques, plusieurs facteurs structurels pèsent sur les perspectives : la volatilité du shekel sur les marchés internationaux, les coûts énergétiques toujours instables, et les déséquilibres budgétaires, accentués par les dépenses militaires en hausse.
Tous ces éléments fragilisent la trajectoire économique du pays et limitent la marge de manœuvre monétaire.
Du côté des ménages, l’effet de cette inflation prolongée est tangible. Le coût du logement, en particulier, reste élevé, alimenté par une pénurie chronique dans certaines zones urbaines et par la nervosité des investisseurs. Les produits alimentaires, eux aussi, ont vu leur prix augmenter, affectant directement le pouvoir d’achat des classes moyennes.
Dans ce contexte, une baisse des taux serait perçue comme un soulagement, mais elle demeure conditionnée à des variables encore volatiles.
Entre résilience et incertitude
La situation économique d’Israël se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. D’un côté, les signaux d’un apaisement inflationniste se dessinent. De l’autre, la fragilité du contexte géopolitique empêche toute prévision assurée.
La Banque Centrale d’Israël, fidèle à sa stratégie fondée sur les fondamentaux économiques, choisit d’attendre des signaux plus clairs avant d’ajuster sa politique. Cette retenue, bien que critiquée par certains acteurs du marché, répond à un impératif de stabilité à long terme.
Dans un environnement où chaque décision monétaire peut amplifier ou contenir les tensions économiques, la prudence apparaît comme la seule voie responsable. L’économie israélienne a démontré à maintes reprises sa résilience face aux chocs. Mais celle-ci dépend aujourd’hui autant de facteurs internes que d’un apaisement durable du contexte régional.