Au deuxième trimestre 2025, les principales banques israéliennes enregistrent des bénéfices records et distribuent des dividendes exceptionnels dans un contexte marqué par un conflit persistant et une régulation renforcée. Si leur solidité financière est indéniable, ces performances soulèvent des interrogations sur la redistribution des profits, l’équité sociale et la responsabilité des établissements bancaires face aux défis économiques et sociétaux actuels.
Des résultats financiers historiques malgré un contexte conflictuel
Au deuxième trimestre 2025, les plus grandes banques israéliennes affichent des bénéfices nets sans précédent. Cette performance a conduit la Banque Centrale d’Israël à autoriser une distribution de dividendes exceptionnelle de 50 %, dépassant largement le plafond habituel de 40 %.
Si cette décision souligne la solidité financière des établissements, elle ravive également le débat sur leur responsabilité sociale.
Des bénéfices en forte hausse pour les leaders du secteur
La banque Mizrahi‑Tefahot a réalisé un bénéfice net de 1,4 milliard de shekels, avec un rendement des fonds propres de 17 %. De son côté, la banque Discount affiche un résultat net de 1,12 milliard de shekels, en progression de 6,7 % par rapport à l’année précédente, avec un rendement des fonds propres de 13,6 %.
Ces chiffres traduisent une rentabilité remarquable dans un secteur en pleine forme.
La Banque Leumi se distingue particulièrement, avec un résultat net de 2,6 milliards de shekels au deuxième trimestre 2025, soit une hausse de 15 % sur un an ; son rendement sur fonds propres atteint 16,2 %. Elle distribue 50 % de ce bénéfice, soit environ 1,3 milliard de shekels, sous forme de dividendes et de rachats d’actions.
La banque présente par ailleurs des indicateurs financiers solides : elle dépense seulement 26,9 % de ses revenus pour couvrir ses frais de fonctionnement, ce qui traduit une grande efficacité opérationnelle. Son niveau de fonds propres, à 12,3 %, assure une stabilité financière renforcée.
Enfin, sa trésorerie est confortable, avec un ratio de liquidité de 130 %, bien au-dessus des exigences réglementaires.
Un contexte global favorable au secteur bancaire
L’ensemble du secteur profite d’une conjoncture économique favorable : la hausse des taux d’intérêt, la croissance des prêts accordés et une gestion prudente des risques contribuent à cette dynamique positive.
La Banque d’Israël a d’ailleurs relevé temporairement le plafond de distribution des dividendes à 50 % pour le deuxième trimestre 2025.
Pressions régulatoires et critiques politiques
Malgré ces résultats, le superviseur des banques Daniel Hahiashvili adopte une position prudente. Il considère qu’il serait prématuré de revenir durablement à des distributions aussi élevées en raison des incertitudes économiques liées au conflit en cours. Le plafond reste donc fixé à 40 %, réparti entre dividendes (30 %) et rachats d’actions (10 %).
Du côté politique, Moshe Gafni, président du comité des finances de la Knesset, critique la tolérance des autorités face à l’augmentation des profits bancaires. Selon lui, cette situation se fait au détriment du pouvoir d’achat des ménages.
Il propose notamment une taxe supplémentaire de 6 % sur les profits réalisés en Israël pour 2024 et 2025 afin de rééquilibrer la régulation.
Par ailleurs, la pression du public grandit. Les banques sont accusées de profiter des écarts entre les taux appliqués sur les crédits qu’elles octroient et ceux proposés aux épargnants.
Des organisations civiles appellent à davantage de concurrence afin de limiter ces bénéfices jugés excessifs dans un secteur trop concentré.
Solidité financière et engagement social
Les banques ont constitué d’importantes réserves de capitaux et de liquidités, largement supérieures aux exigences réglementaires. Par exemple, la banque Leumi bénéficie d’un niveau de sécurité financière presque deux fois supérieur aux normes internationales, ce qui atteste de sa capacité à résister à d’éventuelles crises.
Par ailleurs, la Leumi, comme d’autres établissements, a mis en place un programme d’aide destiné aux soldats, aux familles évacuées, aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux personnes blessées par le conflit.
Le coût de ces initiatives s’élève à environ 85 millions de shekels pour le deuxième trimestre 2025.
Un équilibre fragile à préserver
Ce deuxième trimestre met en lumière une performance financière exceptionnelle du secteur bancaire israélien, portée par une conjoncture favorable et une gestion rigoureuse des risques.
Cependant, le contexte de conflit durable, associé à une pression sociale forte sur la question de l’équité économique, place les régulateurs devant un dilemme majeur : comment conjuguer prospérité du secteur, justice sociale pour les citoyens et maintien de la solidité financière en période d’incertitude ?