Alors que le pays sort d’un conflit prolongé, l’économie israélienne montre des signes de solidité remarquables. Entre la vigueur du shekel, une dette publique contenue, des perspectives de notation surveillées mais encourageantes et un secteur technologique en expansion, Israël aborde la période post-guerre avec des bases plus solides qu’attendu.
Le shekel israélien : indicateur de stabilité et de confiance
La devise nationale, le shekel israélien (ILS), reste un baromètre essentiel de la confiance des marchés. Après des mois d’incertitude, le shekel s’est raffermi de plus de 1,7 % face au dollar et de 8,5 % face à l’euro à la fin de 2024. Cette amélioration reflète un regain de confiance des investisseurs et la stabilité retrouvée du marché des changes.
Un shekel fort permet de contenir l’inflation importée, mais il pénalise partiellement les exportations. La Banque d’Israël devra donc maintenir un équilibre prudent : préserver la solidité monétaire sans nuire à la compétitivité internationale, surtout dans un contexte de reprise économique fragile.
Une dette publique en hausse, mais toujours maîtrisée
Les dépenses militaires et les mesures de soutien économique ont fait grimper le ratio dette/PIB d’Israël à environ 69 % fin 2024, contre 61 % en 2023. Ce chiffre, bien qu’en hausse, demeure inférieur à celui de la plupart des pays développés.
Après la pandémie de Covid-19, Israël avait démontré sa capacité à redresser rapidement ses finances : la dette, qui atteignait 70,6 % du PIB en 2020, était retombée à 61 % en 2022. Ce précédent laisse espérer un scénario similaire dans la phase post-guerre, grâce à une politique budgétaire disciplinée et à un rebond de la croissance.
Les prévisions actuelles tablent sur une stabilisation du ratio autour de 69 % en 2025, avant une lente décrue vers 65 % à l’horizon 2030. Une trajectoire crédible, soutenue par la reprise de l’investissement et la réduction progressive du déficit public.
Notation souveraine : prudence des agences mais confiance intacte
Les agences de notation ont logiquement ajusté leurs évaluations à la suite du conflit. Fitch a abaissé la note d’Israël de A+ à A, Moody’s maintient la sienne à Baa1 avec perspective négative, tandis que S&P conserve un A- assorti d’une surveillance accrue.
Malgré ces révisions, Israël demeure dans la catégorie “investment grade”, synonyme de risque modéré. Les marchés financiers continuent donc de prêter au pays dans des conditions favorables.
À moyen terme, une reprise économique solide et une trajectoire budgétaire maîtrisée pourraient même permettre un relèvement de la note, dès que les tensions régionales se dissiperont.
Une situation plus saine que la moyenne de l’OCDE
Comparée à ses partenaires de l’OCDE, la position budgétaire d’Israël reste particulièrement solide. En 2024, la dette moyenne des pays de l’organisation atteignait environ 85 % du PIB, contre seulement 69 % pour Israël.
La zone euro avoisinait 88 %, les États-Unis dépassaient 120 % et la France se situait au-delà de 110 %. Seuls quelques pays nordiques présentent des ratios comparables ou inférieurs.
Cette discipline budgétaire structurelle constitue un avantage stratégique majeur pour Israël, renforçant sa crédibilité auprès des marchés internationaux et des investisseurs institutionnels.
Le marché immobilier : tensions, ajustement et potentiel
Le marché immobilier israélien demeure dynamique, bien que fragilisé par la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude géopolitique. Début 2025, on compte près de 80 000 logements invendus, soit environ 19 mois d’offre sur le marché.
Les prix, encore en hausse de 6 à 7 % sur un an, montrent des signes de ralentissement, surtout dans les grandes agglomérations. Les rendements locatifs, proches de 3 % brut, indiquent une valorisation élevée.
Néanmoins, la demande structurelle, alimentée par la croissance démographique et le retour probable des investisseurs étrangers, laisse espérer une stabilisation sans effondrement du marché.
Les exportations : moteur historique de la croissance israélienne
Les exportations israéliennes constituent un pilier essentiel de la reprise. Elles reposent sur un éventail de secteurs à haute valeur ajoutée : technologie, électronique, pharmacie, services numériques et défense.
Malgré la guerre, le pays a maintenu un flux d’exportations stable, confirmant la résilience de son tissu productif. L’enjeu pour la période post-conflit est désormais la diversification géographique : renforcer les liens avec l’Asie et l’Afrique tout en consolidant les marchés européens et américains. Une telle ouverture renforcerait la capacité du pays à amortir les chocs régionaux.
La technologie israélienne : un levier de reconstruction
Véritable symbole de la Start-Up Nation, le secteur technologique reste le fer de lance de l’économie israélienne. Il représente près de 20 % du PIB et 12 % de l’emploi total. Malgré les perturbations liées au conflit, la tech israélienne conserve une vitalité impressionnante.
Les investissements étrangers ont légèrement ralenti, mais les fondamentaux demeurent solides : main-d’œuvre qualifiée, innovation permanente, culture entrepreneuriale et infrastructures numériques de pointe. Les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, des technologies médicales et de la défense duale devraient être les moteurs de la relance économique d’Israël dans les prochaines années.
Une trajectoire de reprise crédible
Israël aborde la sortie de guerre avec des fragilités réelles mais un potentiel considérable. Son économie reste diversifiée, sa monnaie stable, ses institutions solides et sa dette sous contrôle.
Les prévisions actuelles anticipent une croissance économique d’environ 2 % en 2025, avant un rebond vers 3 à 3,5 % en 2026, porté par les exportations et l’investissement privé.
Une telle dynamique permettrait de stabiliser la dette, d’améliorer la notation souveraine et de rétablir la confiance des marchés.
Un optimisme mesuré mais fondé
L’économie israélienne sort éprouvée, mais non affaiblie. Sa capacité à rebondir après chaque crise demeure exemplaire.
Si la paix se consolide et que la rigueur budgétaire est maintenue, Israël pourrait retrouver sa trajectoire de croissance d’avant-guerre et s’imposer parmi les économies les plus solides de l’OCDE d’ici 2030.
Cette perspective optimiste illustre une réalité constante : malgré les crises, Israël reste une nation économique résiliente, capable de transformer l’adversité en moteur d’innovation et de prospérité durable.