Une reprise vigoureuse du shekel soutenue par des fondamentaux économiques solides, malgré des vents contraires sécuritaires. Après une longue période de volatilité, le marché israélien des changes renoue avec la stabilité. Le shekel affiche un raffermissement significatif face aux grandes devises internationales, notamment le dollar américain et l’euro, témoignant d’un regain de confiance dans les perspectives économiques du pays.
Le dollar au plus bas depuis août 2022
Ce mardi, le taux de change du dollar est tombé à 3,31 shekels, son plus bas niveau depuis presque trois ans. Cette baisse de 0,3 % intervient dans un contexte d’affaiblissement généralisé du billet vert, dont l’indice mondial recule à 97,4 points. L’euro recule également de 0,2 %, atteignant 3,88 shekels.
Cette dynamique traduit une tendance structurelle favorable au shekel, soutenue par une combinaison de politiques budgétaires prudentes, d’un marché du travail résilient, et d’une économie numérique particulièrement performante.
Une économie soutenue par des fondamentaux robustes
Contrairement à ce que pourraient laisser croire certaines réactions ponctuelles du marché, les fondamentaux économiques israéliens demeurent solides. L’État affiche un taux de croissance parmi les plus élevés de l’OCDE, une dette publique maîtrisée (environ 60 % du PIB) et un secteur technologique qui continue d’attirer les investissements étrangers, en dépit du contexte régional.
Le meilleur indicateur de cette confiance est sans doute la performance du TLV125, principal indice boursier de la Bourse de Tel Aviv, qui a progressé de 25 % depuis le début de l’année. Une telle hausse souligne l’optimisme des investisseurs institutionnels, locaux comme internationaux, quant à la solidité des perspectives économiques à moyen terme.
Des marchés dans l’attente des chiffres d’inflation
Les regards restent tournés vers les données d’inflation pour le mois de juin, attendues mardi prochain en Israël et aux États-Unis. Ces chiffres seront décisifs pour l’évolution des taux directeurs, notamment côté américain. Une stabilisation durable des prix pourrait renforcer encore l’attractivité du shekel auprès des investisseurs internationaux.
En parallèle, la Banque centrale de Corée du Sud a maintenu ses taux à 2,5 %, mais une baisse est envisagée en août. Ces signaux internationaux alimentent un sentiment de prudence dans les choix d’allocation des grandes banques centrales et des fonds souverains.
Une recomposition progressive des réserves de change mondiales
Selon les dernières données du Fonds monétaire international, la part du dollar dans les réserves de change mondiales est restée stable au premier trimestre à 57,7 %, tandis que celle de l’euro a légèrement progressé à 20,1 %. Le franc suisse, considéré comme valeur refuge, a connu la plus forte progression, quadruplant sa part à 0,8 %.
Ce glissement progressif montre une diversification en cours, mais le shekel, bien que marginal à l’échelle mondiale, bénéficie d’une image de monnaie relativement stable dans la région, tant que les fondamentaux sont préservés.
Analyse : la géopolitique, un facteur conjoncturel plus que structurel
L’évolution du shekel au cours des deux dernières années a été marquée par des chocs exogènes liés à la situation sécuritaire. L’attaque du 7 octobre 2023, les tensions avec l’Iran, ou encore les ruptures de cessez-le-feu à Gaza ont provoqué des replis temporaires de la devise.
Cependant, ces corrections ont été systématiquement suivies de phases de redressement, preuve que le marché distingue les effets de court terme des fondements économiques durables. À chaque baisse liée à une tension géopolitique, les investisseurs ont su revenir sur le shekel dès l’apaisement relatif du contexte.
Une devise résiliente dans un environnement complexe
En définitive, la récente appréciation du shekel ne doit pas être perçue comme une exception ponctuelle, mais comme le reflet d’une économie résiliante, compétitive et bien gérée.
Si les tensions sécuritaires influencent naturellement le comportement des investisseurs à court terme, les indicateurs fondamentaux – croissance, inflation maîtrisée, finances publiques solides, performance boursière – plaident en faveur d’une confiance renouvelée à moyen et long terme dans la monnaie israélienne.