Depuis le début de l’année 2025, le marché financier israélien enregistre un regain spectaculaire de confiance. Les investissements étrangers atteignent des niveaux records, le shekel s’apprécie nettement face au dollar, et les fondamentaux économiques affichent une résilience inattendue après une période marquée par des tensions sécuritaires.
Derrière ce retournement de tendance, c’est l’ensemble de la carte du risque perçue par les investisseurs qui semble avoir été redessinée – avec à la clé une baisse significative de la prime de risque du pays.
Une envolée des investissements étrangers
Depuis janvier 2025, les investisseurs étrangers ont injecté environ 8,5 milliards de dollars dans les marchés israéliens – un record depuis début 2021. Ce capital s’est réparti entre obligations souveraines (6,2 milliards) et actions cotées (2,2 milliards), marquant un retour marqué de la confiance internationale.
Ce flux massif s’est accompagné d’une appréciation progressive du shekel, bien avant l’annonce du cessez-le-feu avec l’Iran.
Un retour à la normalité géopolitique ?
Pour de nombreux analystes, l’appréciation du shekel est aussi un reflet de l’évolution géopolitique : la perception du risque lié à l’Iran s’est atténuée, modifiant en profondeur la manière dont Israël est évalué sur les marchés.
Certains y voient même une « normalisation » du climat d’investissement, avec la promesse d’un budget de la Défense allégé à terme et d’un redéploiement des ressources vers les infrastructures civiles.
Le rôle de la faiblesse du dollar
L’appréciation du shekel s’inscrit également dans une dynamique mondiale : le dollar américain est en repli généralisé. L’indice DXY, qui mesure la force du billet vert face à un panier de devises majeures, a reculé de près de 9,4 % sur les six derniers mois.
Les incertitudes liées à la politique économique des États-Unis (notamment sous l’administration Trump) expliquent ce désintérêt relatif. Le taux de change USD/ILS est passé de 3,80 à environ 3,40, soit une hausse du shekel de près de 11 % en deux mois et demi.
Une appréciation face à toutes les devises
Le shekel ne se renforce pas uniquement contre le dollar : sa progression est visible face à la majorité des devises mondiales. Fait notable : ces derniers jours, les principaux vendeurs de devises sur les marchés ne sont pas des investisseurs étrangers, mais des acteurs locaux – une preuve supplémentaire de la confiance endogène dans l’économie israélienne.
Performances des marchés financiers : Israël surpasse Wall Street
La Bourse de Tel-Aviv affiche des résultats impressionnants. L’indice TA-125 a bondi de 45 % sur un an, contre seulement 10 % pour le S&P 500. Même si l’écart s’est réduit sur les six derniers mois, la performance relative reste en faveur d’Israël.
Cela suggère que les investisseurs anticipent une reprise rapide, alimentée par la stabilité politique et la sortie progressive des incertitudes sécuritaires.
Des fondamentaux économiques solides
Les données macroéconomiques viennent renforcer cette dynamique. Le solde courant du pays au premier trimestre 2025 a enregistré un excédent de 5,7 milliards de dollars, le plus élevé depuis deux ans. Cela signifie que les entrées de devises (principalement grâce à l’exportation de services) dépassent largement les sorties.
Par ailleurs, les investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 4,35 milliards de dollars – un chiffre supérieur de 10 % à la moyenne des deux dernières années. En parallèle, les investissements israéliens à l’étranger restent plus modestes, à 2,7 milliards, renforçant encore l’excédent global.
Vers un nouveau défi : exporter dans un contexte de monnaie forte
Ironie du succès : cette forte appréciation du shekel pourrait poser problème à certains secteurs, notamment les exportateurs. Une monnaie trop forte nuit à la compétitivité des entreprises tournées vers l’international. Pourtant, dans une phase de reconstruction économique, le commerce extérieur pourrait jouer un rôle clé.
Cela appelle à une politique industrielle ciblée et à des mécanismes d’ajustement, pour que la force du shekel ne devienne pas un frein à la relance.
Ainsi, le renforcement du shekel est bien plus qu’un phénomène de change : c’est un signal de confiance, une traduction directe de l’optimisme des marchés face à l’avenir d’Israël. Entre afflux de capitaux, rééquilibrage géopolitique et excédents commerciaux, les bases sont posées pour une reprise économique vigoureuse.
Le défi, désormais, est de transformer cette embellie monétaire en moteur de croissance inclusive et durable.