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En juillet 2025, le salaire moyen en Israël a franchi le seuil des 14 000 shekels, enregistrant une hausse supérieure à l’inflation. Si cette progression peut sembler encourageante, elle masque des disparités importantes, notamment dans le secteur de la High-Tech. Qu’en est-il cependant du pouvoir d’achat en Israël ? Et comment se positionne le pays face aux autres économies de l’OCDE ?

Une hausse du salaire moyen… en apparence rassurante

Selon les données publiées par le Bureau central des statistiques israélien (CBS), le salaire moyen brut des salariés en Israël s’est établi à 14 113 shekels en juillet 2025, soit une augmentation de 4,5 % par rapport à juillet 2024. Cette hausse dépasse le taux d’inflation sur la même période, qui s’élève à 3,1 %.

Il s’agit d’un phénomène notable : habituellement, les salaires chutent entre juin et juillet, notamment en raison de la fin des bonus et primes semestriels. Cette année, bien que le salaire moyen ait légèrement reculé par rapport au mois de juin (où il atteignait 14 219 shekels), la baisse reste modérée, inférieure à 1 %, ce qui constitue une exception au schéma habituel.

Une réalité corrigée par l’inflation

Mais cette hausse nominale ne dit pas tout. En juin 2025, le salaire n’avait progressé que de 2,7 % par rapport à juin 2024, soit en deçà de l’inflation (3,3 %). Le pouvoir d’achat réel avait donc reculé, avant de se stabiliser partiellement en juillet. Cela illustre un fait fondamental : les variations salariales doivent être analysées à l’aune de l’inflation et non de manière brute.

De plus, bien que le nombre total de postes salariés ait augmenté à 4,393 millions (+1,7 % sur un an), cette progression reste modeste au regard de la croissance démographique israélienne (+1,1 %). Il y a donc une légère amélioration de l’emploi, mais pas de changement structurel.

La High-Tech en perte de vitesse relative

Longtemps considéré comme le moteur de l’économie israélienne, le secteur de la High-Tech montre aujourd’hui des signes de stagnation. En juin 2025, le salaire moyen dans ce secteur s’élevait à 32 774 shekels, en hausse de seulement 1,7 % par rapport à juin 2024. Cette augmentation est inférieure à l’inflation, traduisant une baisse du pouvoir d’achat réel des salariés du secteur.

Plus inquiétant encore, le nombre d’emplois dans le secteur stagne, avec moins de 0,3 % de croissance annuelle. Le secteur ne représente désormais que 9,7 % de l’emploi salarié, contre environ 10 % les années précédentes. Le dynamisme technologique israélien, jadis salué, semble traverser une phase d’essoufflement.

Israël face à l’OCDE : entre progression salariale et pression du coût de la vie

En comparaison internationale, Israël se situe dans la moyenne basse des pays de l’OCDE en termes de salaire moyen annuel corrigé du coût de la vie. En 2025, le salaire annuel brut moyen en Israël avoisine 48 166 dollars, contre 63 795 $ aux États-Unis, 55 712 $ en Allemagne ou 52 189 $ au Royaume-Uni. La France, quant à elle, se situe légèrement en dessous avec environ 40 500 $.

Mais c’est surtout le coût de la vie qui pèse lourd sur le portefeuille israélien. Tel-Aviv figure régulièrement parmi les villes les plus chères du monde. Bien que les salaires augmentent, les dépenses courantes (logement, alimentation, éducation, santé) grèvent fortement le pouvoir d’achat réel.

À cela s’ajoute un niveau élevé d’imposition indirecte, notamment à travers la TVA à 18 %.

Selon l’indice de pouvoir d’achat corrigé de l’OCDE (PPA), Israël se situe sous la moyenne, avec un pouvoir d’achat réel inférieur à celui de pays comme la République tchèque, le Portugal ou la Corée du Sud. En d’autres termes, un Israélien moyen vit avec moins, malgré un salaire parfois plus élevé en apparence.

Un miroir déformant

La hausse du salaire moyen en Israël peut donner l’illusion d’un progrès économique tangible. Pourtant, les inégalités sectorielles, la hausse du coût de la vie, et un pouvoir d’achat sous pression rappellent que les chiffres bruts ne traduisent pas toujours la réalité vécue par les ménages.

Le cas de la High-Tech, jadis fleuron de l’économie, en est une parfaite illustration : bien rémunéré, mais désormais en recul relatif. Face aux comparaisons internationales, Israël doit encore relever le défi de transformer la croissance salariale en bien-être réel, et non en simple illusion statistique.

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