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Depuis plusieurs semaines la géopolitique donne le ton sur les marchés. Même si la macro-économie se porte toujours relativement bien, le feuilleton commercial entre la Chine et les États-Unis n’en finit pas de venir peser sur la tendance. Le vrai driver du marché en ce moment reste Trump.

Chacun de ses tweets étant susceptible de provoquer des coups de semonces sur les places financières. Le bras de fer entre les États-Unis et la Chine se poursuit donc sur le front du commerce. Ces tensions entre les deux pays sont avant tout liées à l’énorme déficit des États-Unis vis-à- vis de la Chine (375 milliards de dollars en 2017).
Pour cette raison, les États-Unis avaient décidé d’appliquer des droits de douane prohibitifs sur plus d’un millier de biens chinois, dont les téléviseurs et des produits technologiques. La réponse de la Chine a été quasi immédiate, elle a sorti l’artillerie lourde : le soja, les voitures et les avions américains se verront appliquer des taxes de 25% à leur entrée en Chine. Ces représailles commerciales chinoises sur des produits clés pèsent lourd dans la balance et touchent le cœur même de l’économie américaine.
Cette escalade de menaces entre Pékin et Washington s’est traduit immédiatement par un retour de la volatilité sur les marchés.

Encore une fois on reste dans la méthodologie de Trump, à savoir, on agite des menaces, pour pouvoir ensuite avoir un levier de négociation. C’est en réalité, à ce stade, plutôt un bras de fer qu’une guerre commerciale.
Pour l’instant nous ne sommes que dans de la rhétorique, il ne s’agit que de menaces verbales qui peinent à se concrétiser. En effet, les mesures de rétorsion commerciale de part et d’autre n’entreraient en vigueur qu’à
l’issue d’un processus de négociation.

Le discours récent du président chinois Xi Jinping lors d’un sommet asiatique, une sorte de Davos, est venu pondérer cette ambiance de conflit commercial avec les États-Unis. Xi Jinping, sans donner plus de détails sur le conflit avec les Etats-Unis, a au moins confirmé que la Chine ouvrirait de plus en plus son marché, ce qui a réussi à calmer les places boursières.
Xi Jinping a bien compris que dans ce “combat d’éléphants” tout le monde serait perdant. Personne n’a intérêt à un embrasement. Un quart des biens américains sont importés et un tiers des profits des sociétés américaines proviennent de l’étranger, dont la Chine pour une large proportion. Ça n’est donc pas par hasard si les lobbys sont montés au créneau. Les chambres de commerce commencent à s’inquiéter des représailles et des hausses des prix qui pourraient s’ensuivre et qui créeraient immanquablement des ruptures dans les chaines d’approvisionnement et de production.
Si ces droits étaient réellement appliqués, cela pourrait être un facteur de désorganisation de l’activité aux États-Unis et Walmart par exemple pourrait voir ses prix augmenter, sachant que ses rayons sont inondés de produits chinois. Des tensions qui affecteront consommateurs et entreprises américaines. Le fameux consommateur américain paiera plus cher, son lave-vaisselle, sa voiture, ses multiples objets vendus par Wal-Mart ou Amazon.

D’après une étude économique sortie il y a peu, une taxation des importations de 20% aux États-Unis entraînerait (compte tenu du poids des importations) une hausse de trois points des prix intérieurs des États-Unis, propulsant l’inflation au-dessus de 4% ! Avec toutes les répercussions sur les taux, s’ensuivrait une inévitable récession. Trump n’est pas fou, c’est un businessman né qui n’a aucun intérêt à aller dans ce sens. Encore une fois on est purement dans la négociation.
Mais tant qu’aucune preuve n’est donnée en ce sens, l’anxiété du marché est fondée. Les investisseurs craignent que ces affrontements incessants mettent un terme à la dynamique de croissance économique Ces deux
dernières semaines, leur attention est donc restée monopolisée par les joutes verbales entre Donald Trump et Xi Jinping
Les places boursières ont été très réactives aux annonces sur la question commerciale, ce qui a entraîné des mouvements très erratiques sur les marchés, alternant entre morosité et soulagement temporaire, selon les déclarations de part et d’autre du Pacifique.

Néanmoins depuis début avril, contrairement à mars, les principales places boursières affichent une performance positive environ +2,5% sur l’Europe, et un peu moins de 2% pour Wall-Street. Le vrai facteur de soutien des actions en ce moment viendra certainement des bénéfices. Les banques ont ouvert la saison des résultats. Au États-Unis le consensus s’attend à ce que les bénéfices trimestriels des entreprises du S&P-500 grimpent d’environ 19% par rapport aux trois premiers mois de l’année dernière, ce qui serait leur plus forte hausse en sept ans.

Les marchés ont néanmoins redoublé de fébrilité en fin de semaine, plombés par l’escalade des tensions entre la Russie et les États-Unis autour du dossier syrien.
Outre les questions géopolitiques, Wall Street a été pénalisée par un rapport sur l’emploi américain moins bon que prévu, avec seulement 103.000 créations de postes annoncées pour le mois dernier contre 193.000 attendues. Le salaire horaire moyen, très surveillé n’a pas surpris.
Sa hausse avait provoqué des soubresauts il y a deux mois. Mais le dernier rapport freine les anticipations d’une accélération du resserrement monétaire aux Etats-Unis.
L’actualité des entreprises a donc repris ses droits avec la saison des résultats qui démarre. Ce qui permettra aux investisseurs de se recentrer sur les fondamentaux des entreprises, d’autant que les bénéfices sont attendus en hausse. Ce qui devrait neutraliser le courant vendeur et à court terme on pourrait s’attendre à un rebond.

Du côté de la paire euro-dollar. L’euro avait commencé par progresser jusqu’à 1,24 avant de revenir vers 1.2329 en fin de semaine. La devise européenne a ensuite corrigé, suite à la publication du compte-rendu de la BCE qui a montré que les responsables s’inquiétaient «des effets sur l’économie d’un euro plus fort et de la capacité de la banque centrale à atteindre sa cible d’inflation de 2%». La macro est également un peu moins bonne que prévu en zone euro notamment sur la production industrielle.
L’Allemagne plus gros exportateur européen reste affecté par cette ambiance de stress sur le commerce international. Un facteur qui pèse sur l’euro. Le dollar ne prend pas pour autant le dessus, la guerre commerciale si elle se concrétise pourrait mettre un frein à la croissance américaine, ce qui explique pourquoi la devise américaine ne grimpe pas plus haut. Le discours de Jerome Powell n’a pas suscité de renouveau dans la feuille de route de la Fed, qui prévoit de nouvelles hausses progressives de taux.
Discours sans surprise et par conséquent sans réel impact sur le dollar. Le rendement des Treasuries à dix ans évolue désormais autour de 2,83% Beaucoup de remous également sur le marché pétrolier. La première semaine d’avril le WTI et le Brent avait reculé de plus de 4%, sur fond de tensions commerciales entre Pékin et Washington. La Chine et les Etats-Unis sont les plus gros consommateurs et importateurs de pétrole au monde. Si in fine ces menaces devaient se concrétiser, cela ralentirait de facto la demande de pétrole de ces deux pays. Toutefois, comme ces derniers jours, le marché pétrolier avait les yeux rivés sur la Syrie et le risque de frappes militaires, tensions susceptibles de perturber la production et les exportations de brut dans le monde, les cours pétroliers ont fini par fortement reprendre le dessus et ont clôturé la semaine dernière de 8,2% pour le Brent et 8,6% pour le WTI. Compte tenu de la sensibilité des évènements géopolitiques actuels les cours devraient rester particulièrement volatiles.
L’or évolue de son côté autour de 1342 dollars. Depuis début avril le contexte géopolitique tendu a maintenu les cours à des niveaux proches de leurs sommets annuels, autour de 1360 dollars. Mais l’environnement de hausse des taux reste toujours négatif pour la valeur refuge et stoppe assez vite ses velléités haussières malgré un contexte politique très agité.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

KNE – PATRIOT

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