Conformément aux prévisions du Marché et pour la quatrième fois consécutive, la Banque Centrale d’Israël a maintenu son taux Directeur à 4.75 %.
La Banque a réduit ses prévisions en matière de croissance et estime que le PIB augmentera de 2 %/an en 2023 et en 2024.
Le Gouverneur : “même en période d’urgence, il est très important de maintenir un cadre budgétaire responsable”.
Sur la possibilité d’une baisse du taux Directeur : “nous sommes toujours dans un environnement de très forte incertitude“.
Lors de sa dernière décision du 27/11/2023, la BCI a finalement laissé son taux Directeur inchangé, le maintenant à 4.75 %, conformément aux prévisions du Marché ; à noter que c’est la quatrième fois consécutive que la Banque laisse ledit Taux inchangé, tandis que, jusqu’en mai 2023, la banque centrale avait procédé à dix hausses consécutives, soit une à chaque réunion.
Pourtant, en raison d’une Inflation en baisse et d’un shekel qui reprend sa courbe à la hausse face à ses homologues étrangers, notamment l’USD, l’on pourrait s’attendre à une baisse du taux Directeur.
Cependant, l’incertitude et l’instabilité restent élevées en raison de la guerre et de la politique budgétaire du Gouvernement.
La Banque Centrale d’Israël a par ailleurs revu ses prévisions de Croissance à la baisse et estime que le PIB augmentera de 2 % au cours de chacune des années 2023 et 2024, tandis qu’elle tablait initialement sur une croissance de 2.30 % en 2023 et de 2.80 % en 2024.
Les dernières prévisions publiées par la Banque se caractérisent par un niveau d’incertitude particulièrement élevé avec notamment une estimation du coût de la guerre à environ 163 milliards de shekels. Selon la Banque, les coûts budgétaires de la guerre (dépenses + perte de revenus) devraient s’élever à 198 milliards de shekels, soit environ 10 % du PIB.
En ressort, que le ratio dette/PIB en 2023 et 2024 devrait être respectivement d’environ 63 % et 66 %.
De même, la Banque s’attend à une forte hausse du déficit public, à savoir jusqu’à 3.70 % du PIB cette année et 5 % du PIB en 2024, tandis que les précédentes prévisions portaient sur 3.50 % incluant déjà une partie des dépenses du Gouvernement puisqu’à la veille de la guerre la Banque prévoyait un déficit de seulement 1.50 %.
Le Gouverneur de la BCI justifie sa position de maintenir le taux Directeur inchangé : “nous sommes actuellement dans un environnement de très grande incertitude, principalement à cause de la situation géo-politique et évidemment de la guerre.
Une utilisation imprudente du levier du taux Directeur dans un environnement d’incertitude n’aidera pas et ne fera qu’accroître la volatilité des marchés financiers. Une fois ces derniers stables, nous pourrons envisager de toucher au Taux”.
“Nous allons faire face à des dépenses plus importantes, certainement au-delà des deux prochaines années. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut procéder à des ajustements budgétaires. Pour autant, le premier ministre et le ministre des Finances ont d’autres considérations et c’est le message que nous devons leur transmettre. Plus ils se concentrent sur ces domaines, mieux c’est”.
Concernant les ministères inutiles : “Il y a des décisions politiques que je ne commenterai pas. Il est clair pour nous qu’avoir un grand nombre de ministères n’est pas synonyme d’efficacité de l’exécutif. Le système politique devra prendre en compte ses contraintes. Nous sommes à une époque où les dépenses ont augmenté et nous voudrions montrer aux marchés que nous prenons les bonnes mesures afin de les rassurer”.
“Il est important que le Gouvernement oriente sa politique dans une perspective budgétaire.”
Outre la nécessité de fournir une réponse budgétaire aux besoins créés par la guerre, il est très important de maintenir un cadre budgétaire responsable et ce, même en période d’urgence.
Il convient dans un premier temps que le Gouvernement freine ses nouvelles dépenses qui vont être amenées à se poursuivre à moyen et long terme. Les dépenses de combat et de renouvellement des stocks de l’Armée s’épuiseront, tandis que les dépenses civiles diminueront également progressivement avec la reprise de l’Économie et l’achèvement de la reconstruction massive des localités touchées.
Il est par ailleurs fort probable que les dépenses publiques augmentent en raison d’une augmentation permanente des dépenses de sécurité et d’une augmentation des dépenses liées à l’augmentation de la dette publique et à la hausse des taux d’intérêt à laquelle elle est soumise”.
Concernant la possibilité d’augmenter les impôts, il estime qu’à “l’heure actuelle, où les prévisions parlent d’une croissance inférieure au potentiel, il ne serait pas judicieux de les augmenter”.
Le Gouverneur est également revenu sur la possibilité de vendre 30 milliards de dollars : “la vente des dollars a envoyé un message de stabilité aux marchés. Avoir des réserves de change de 200 milliards de dollars montre que nous disposons des capacités nécessaires pour faire face à de tels événements”.
Concernant la prolongation de son mandat à la dernière minute : “j’ai vu des processus plus élégants, mais le résultat est le plus important. Nous avons traversé une période de cinq ans qu’aucun Gouverneur n’a dû affronter jusqu’à présent”
Il a par ailleurs refusé de répondre aux attaques du président de la commission des Finances, Moshe Gafni, qui a affirmé que la prolongation de son mandat était une mauvaise décision, estimant que sa politique ne se préoccupe pas des couches les plus modestes de la population.
“Notre décision en termes de taux Directeur parle d’elle-même”, a-t-il déclaré. “Je continue d’agir comme à mon habitude, cela est nécessaire pour soutenir le Gouvernement et l’Économie”.
Au sortir de leur réunion au cours de laquelle ils ont arbitré la question du taux Directeur, les membres du comité Monétaire ont expliqué qu’en “ce contexte de guerre, la politique du comité Monétaire se concentre sur la stabilisation des marchés et la réduction de l’incertitude, ainsi que sur la stabilité des prix et le soutien de l’activité économique.
À mesure que la stabilité des marchés financiers sera rétablie et que l’Inflation sera maîtrisée, la politique monétaire pourra se concentrer davantage sur le soutien de l’activité économique”.
Ainsi, la Banque Centrale d’Israël retarde la baisse de son taux Directeur privilégiant actuellement stabilité et certitude, plutôt que le soutien de l’activité économique.