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Malgré la multiplication des facteurs de risque, les marchés sont dans une tendance positive. Depuis quelques semaines on constate même une surperformance de l’Europe par rapport aux Etats-Unis. Le Cac 40 retrouve des niveaux qu’il n’avait pas connu depuis plus de 10 ans. Les autres places européennes ne sont pas en reste, le Dax ayant désormais dépassé la barre symbolique des 13.000 points. Depuis début mai les trois principaux indices européens affichent un gain moyen de plus de 3%, alors que Wall-Street se situe sous les 1%.

La raison de cette surperformance de l’Europe provient principalement de la baisse de la devise européenne. Un facteur central pour les marchés d’actions européens, puisque c’est précisément la faiblesse de l’euro qui explique en grande partie le rallye actuel. En parallèle, la saison des publications s’avère très bonne, ce qui accélère le mouvement.

Le marché américain a quant à lui réagi moins favorablement à la tendance haussière affichée par les taux, avec notamment un 10ans US légèrement au-dessus des 3%. Cela fait pression sur le marché, car cela rend, notamment, les emprunts plus chers pour les entreprises. Mais une hausse des taux est aussi le signe d’une économie en meilleure santé et pour l’instant tant qu’ils ne montent pas trop vite, les investisseurs devraient pouvoir gérer ce risque.

Dans un contexte de publications de résultats pour le premier trimestre, toujours solides, les marchés confirment tout de même leur mouvement haussier malgré le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.

Le président américain a en effet annoncé le 8 mai la sortie des Etats-Unis de l’accord iranien et rétabli toutes les sanctions américaines envers l’Iran, qui touchent principalement les secteurs de l’énergie et bancaire. Même si les investisseurs avaient anticipé cette décision, cela crée une nouvelle source d’incertitudes géopolitiques. Pour autant ça n’a pas fait flancher les places boursières.

On a même senti une certaine accalmie sur les questions géopolitiques, notamment avec la Chine.  Même si la prudence reste palpable sur le sujet, il y a des petites avancées sur le plan des négociations commerciales avec les chinois. La Chine a fait part de son intention d’importer davantage des Etats-Unis pour faire avancer les discussions. L’heure est donc clairement aux négociations.

Une détente qui a permis aux indices de revenir aux fondamentaux et notamment à la publication des résultats des entreprises du premier trimestre, qui sont de très bonne facture et ont servi de catalyseur aux places boursières.

L’autre point d’attention est en Europe, avec l’Italie, où les choses se sont sensiblement accélérées. Les investisseurs restent en effet très attentifs à l’évolution du dossier politique en Italie.

Après avoir annoncé leur accord pour former un gouvernement de coalition, « la Ligue » et le « Mouvement 5 étoiles », les deux partis anti-systèmes ont annoncé les grandes lignes du programme économique du prochain gouvernement italien. S’il ne contient aucune demande de sortie de l’euro, ce qui a rassuré les marchés, leur programme devrait se traduire par un gonflement du déficit, sachant que l’endettement du pays est déjà l’un des plus élevés de la zone euro (+ de 131% du PIB l’an dernier).

Un tel gouvernement serait naturellement une première en Italie et un possible frein à de nouvelles avancées au sein de l’Union européenne, sachant que l’Italie est la troisième économie de l’UE.  Toutefois, les investisseurs semblent faire le pari que, malgré les promesses inconsidérées et souvent populistes, de ces deux partis, les contraintes de Bruxelles ainsi que le respect de la règle d’or budgétaire inscrite dans la constitution italienne depuis 2012 devraient limiter le risque de dérapage budgétaire.

Du côté du marché des changes, le dollar a connu des mouvements erratiques ces derniers mois, mais la normalisation de l’inflation américaine, a conduit à une nette réappréciation du billet vert depuis deux/trois semaines (1,175$).

Le taux annuel d’inflation s’élève désormais à 2,5%. Pourtant pas de quoi inquiéter les marchés, à ce stade, la Réserve fédérale lors de sa précédente réunion a précisé que sa cible d’inflation était « symétrique », c’est-à-dire qu’elle tolérerait un dépassement de l’inflation au-dessus de sa cible de 2%.

Autre effet du risque italien, l’affaiblissement de l’euro s’est accentué. Comme on l’a vu, les marchés européens ont vu d’un bon œil le reflux récent de l’euro, accentué également par une inflation toujours à la peine. Sur un an, les prix accélèrent à +1,2%. On est encore loin des 2%, la BCE peut donc prendre son temps avant de préparer les esprits à une première hausse de taux mi-2019.

Du côté des matières premières, le baril (Brent) a fait récemment une poussée jusqu’à 80 dollars, les marchés anticipent un resserrement de la production de l’Iran, après la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire et du rétablissement des sanctions américaines. L’Arabie Saoudite n’a pas caché qu’elle souhaitait un prix du baril autour de 80/100 dollars, afin d’augmenter la valeur de sa compagnie pétrolière « Saudi Aramco », avant son introduction en Bourse prévue dans quelques mois.

Autre facteur de soutien, la demande de pétrole en Asie demeure vigoureuse et tant que la demande sera supérieure à l’offre, les prix continueront d’être soutenus.

L’or de son côté continue d’être plombé par les taux et ne profite pas des risques géopolitiques qui lui servent habituellement de catalyseur, en tant que valeur refuge. L’or, dont par définition le rendement est nul, souffre de la hausse des taux d’intérêt à long terme qui se poursuit aux Etats-Unis et qui a désormais touché les 3% (pour le très surveillé taux à 10ansUS). En outre, le dollar, principale devise de négoce de l’or, repart lui aussi à la hausse, ce qui a pour effet de faire mécaniquement baisser la valeur du métal jaune dans cette devise.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

KNE-PATRIOT

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